LE Jour d'Après - La Viande et le Lait


Voici des aliments produits en masse par des multinationales qui ne rémunèrent pas ceux qui les produisent. De plus, pour produire du lait, une vache doit avoir un veau chaque année. On ne conserve que les femelles, les mâles sont revendus immédiatement à des spécialistes pour un engraissement express. S'ils ne trouvent pas preneurs, ils sont abattus et mis à l'équarrissage (local souvent, c'est à dire un tas de fumier !) parce que nourrir un veau ça coûte ! Que peut-on dire de ce monde ? 
Par ailleurs un kilo de cette protéine, la viande, engendre la consommation de 15000 litres d'eau, calculés ainsi pour les bovins élevés sur 3 ans: 
24 000 litres d'eau qu'il boira 
7000 litres d'eau utilisés à la ferme et à l'abattoir 
3 000 000 de litres d'eau qui se cachent derrière les 8500 kilos de grains et de fourrage qu'il mangera durant sa vie. 
Ça fait réfléchir ! 
On nous dit qu'il n'y aurait pas assez de terres agricoles pour nourrir la planète mais rappelons que plus de 70% de ces terres agricoles servent à nourrir le bétail !!! 
Qui plus est, l'animal produit en masse du méthane, source très importante de pollution ainsi que du lisier dont on ne sait plus quoi faire et qui, déversé en masse sur les terres, se retrouve dans les nappes phréatiques sous formes de nitrates, transformés par l'humain qui consomme cette eau en nitrites extrêmement toxiques pour l'organisme (cancers...). 
Enfin le respect de l'animal n'est plus de mise. Les vaches des grosses industries qui supplantent les petites exploitations ne vont plus au pré, sont nourries de substrats, d'ensilage, de graines... de soja (souvent OGM) provenant de pays où son exploitation ravage les forêts transformées en terres de cultures pulvérisées de manière outrancière de pesticides. Ça fait beaucoup ! 
Est-ce cela le monde que nous voulons ? Il est ici question du mode d'élevage mais que dire du mode d'abattage et de la maltraitance associée. Comme nous l'avons constaté à plusieurs reprises par les différentes vidéos tournées clandestinement dans divers abattoirs, en particulier grâce à l'association L214, les animaux sont stressés avant et pendant le transport, bousculés, poussés sans ménagement vers leur fin, battus, niés... Avant de les abattre dans des conditions parfois indécentes, sans aucun respect, répugnantes. 
Est-ce de cette viande qui pue la mort et la maltraitance que nous voulons ? A côté de cela, que dire des modes d'abattages dits rituels, sinon que c'est pire puisque la règle de mise est alors d'égorger l'animal sans l'étourdir préalablement, pour qu'il souffre bien, voie bien sa mort venir... 
Comment fermer les yeux devant des images abominables qui révèlent le pire de l'espèce humaine, des veaux, des vaches, des chèvres ou des moutons poussés de force dans des machines qui les retournent pour mieux tendre la gorge vers le couteau de leur bourreau qui ouvre alors la trachée, la carotide sans surtout couper totalement la moelle épinière. L'animal se vide de son sang, longuement, dans des soubresauts désespérés. 
Lorsqu'on consent à avaler de cette viande, c'est toute la barbarie associée que l'on ingère. 
Et pour clore le tout, on peut également évoquer les conditions écœurantes du transport d'animaux vivants. Des camions surchargés où les animaux sont entassés sans ménagement et pataugent pendant des jours dans leurs excréments et parmi les cadavres de ceux qui n'y ont pas survécu, surtout par grande chaleur. Bien sûr, il existe des réglementations, des températures maximales à respecter, des temps maximum de transport etc etc... Mais personne pour les contrôler. Charger au maximum un camion en entassant 20% d'animaux en plus, ça rapporte beaucoup et si une association se donne le mal de les pister, les dénoncer... le contrôle inflige une amende de 75 € au transporteur qui peut continuer sa route ! Sûr, il n'est pas prêt de recommencer. 
C'est encore cette mondialisation débile qui impose de transporter moutons, vaches et porcs à travers les continents, vivants, en inventant des moyens de transport inédits, en reconvertissant de gigantesques porte-containers en transporteurs de centaines de milliers d'animaux, de l’Europe vers les pays du Moyen-Orient... Une seule réponse à cela, la consommation locale et la stricte limitation du transport d'animaux vivants aux échanges locaux. 
 
Abordons le problème du lait. Il n'est absolument pas indispensable à notre alimentation. Pour nombre d'entre nous, il est mal digéré (lactose) d'où les inventions industrielles du lait sans lactose etc... Nous trouvons des sources alternatives de calcium un peu partout. Dans l'eau d'abord et dans nombre de plantes, légumes, légumineuses, algues etc... 
On peut donc décider de s'en passer. Et lorsqu'on souhaite malgré tout en consommer, sous forme de fromages, yaourts etc... Sélectionner des produits provenant de fermes locales (fromages fermiers, fromages au lait cru...) où l'on sait comment les animaux sont traités, ou de firmes garantissant des revenus corrects aux producteurs (la marque « c'est qui le patron »). Bannir tous les fromages, yaourts et briques de lait industriels des lactalis (marques « Président », « le rustique » et autres), des candia etc etc... Dans ce domaine, comme dans d'autre, le produit local et bio est à privilégier, pour son faible bilan carbone et pour rétablir le lien direct qui nous manque entre le producteur et le consommateur, vertueux à tous niveaux. 
 
Pour la viande, on peut sans difficulté sinon arrêter toute consommation, du moins la limiter grandement (1, 2, 3 fois par semaine) en privilégiant encore les producteurs locaux et directs , via les AMAPs par exemple, les magasins de producteurs (regroupés) ou les fermes, de plus en plus nombreuses proposant directement le fruit de leur production. Une viande de qualité, locale, traçable vraiment. 
Hors de la viande, les alternatives sont nombreuses avec des protéines complètes dans toutes les légumineuses (lentilles, pois chiche, pois cassés...) mais aussi le sarrasin, l'amarante, le quinoa ainsi que les céréales comme le petit-épeautre (goûteux et pauvre en gluten) ou le blé de qualité, les algues (fraîches conservées dans le sel) qui fournissent protéines, oligoéléments, vitamines et agrémentent tous les plats, salades avec des goûts délicieux... 
Tous ces aliments sont bons (au goût et pour la santé), très faciles trouver (en bio), très bon marché, et très faciles à cuisiner, sans contraintes de trempage ou je ne sais quoi. Ils ne vous laissent que les limites de votre imagination (il n'y a qu'à jeter un coup d’œil, pour les idées, sur un livre de cuisine indienne...). 
 
Résumons nous : une décision personnelle dans ce domaine a un impact énorme et direct sur le marché et tout ce qui en dépend ou en découle, en l'occurrence : 
une préservation conséquente de la ressource en eau, 
une diminution de la pollution par le méthane, 
une nouvelle répartition des terres cultivable au bénéfice de la nourriture humaine et non de la nourriture animale, 
une lutte directe contre la déforestation (forêts brûlées pour cultiver du Soja à destination des animaux : Brésil...), 
sans oublier bien entendu le respect de l'animal et du vivant (l'homme retrouve une partie de son humanité) 
une lutte contre la grosse industrie agro-alimentaire, ses abus, la spéculation... 
C'est pas mal pour un acte individuel ! 

© Eric Benoit