07/04/2020 – Jour 22 – Pâques c'est la guerre

C’est drôle d'écrire « jour 22 » du confinement... 
Serait-ce ou pourrait-ce devenir notre nouvelle référence ? 
2000 ans qu'on compte après JC... et si maintenant, ce nouveau temps devenait celui du avant et après CV. L'an 1 après CV, l'an 1 après Coronavirus... Je voudrais que ce jour soit réellement un temps nouveau. 
Chrétien ou pas, c'est celui du Pâques, de la résurrection, de la renaissance et du renouveau. 
D'une certaine manière, pour la première fois depuis des années, nous avons tous fait notre carême. L'avons-nous fait en conscience ? Pour qu'il nous mène, non pas sur les chemins de la perdition, de la surcompensation après privation, de la surenchère éperdue visant à rattraper « le temps perdu » pour l'économie mais tellement gagné pour l'individu, l'être ; non pas sur ces voies surfaites, usées, perdues, qui seront notre tombeau. Mais sur des chemins lumineux et verts. 
Alors choisirons-nous la Pâques du chocolat, des cloches et des lapins ou celle du devenir et de l'espoir, de la reconstruction, de la déconstruction. C'est ce message que nous pourrions tous saisir dans ce vol de printemps. 
 
Les « autres » ont déjà choisi la Pâques en chocolat de pacotille. Ils surfent et rêvent de s'engraisser plus encore pour fuir au danger avéré vers leurs villas esseulées, leurs îles désertes, leurs bunkers ou leurs avions protégés comme « air force one » avec son président. Mais qu'ils y restent, tous, qu'on les mette en orbite pour qu'ils voient, de haut et de loin, ce que l'on peut faire de beau, ou qu'on les envoie en première ligne, au casse-pipe. Nous n'avons pas besoin d'eux, pas de ceux-là, ils ne sont pas utiles, ni à la république ni à ses citoyens, ils sont les excréments de cette société moribonde. 
Oui, les envoyer au casse-pipe, les premiers, qu'ils montrent l'exemple du sacrifice qu'ils réclament. 
 
Car ils réinventent les Foch, Joffre et autres Nivelle guerroyant à l'arrière, bedonnants, dans leurs salons moelleux, attablés devant des victuailles dégoulinantes et décidant du nombre des prochaines victimes. Aujourd'hui, c'est le personnel médical qu'ils envoient au front, sans casques et sans armes, ce sont les éclopés de fin de vie qu'ils sacrifient. Et ils récompensent en serments mielleux comme ils encourageaient les troupes par force patriotisme et quelques gorgées de niôle. 
Il l'a dit, le Président « c'est la guerre » mais toujours la même : les soldats naïfs, les officiers obéissants, les chefs dégoulinants, les sacrifiés et les mères qui pleurent.
© Eric Benoit