Pour Toi 

Au creux de mes secrets accrochés à mes branches, 
A rejailli le feu magique de tes hanches. 
Furieux auteur de tes soubresauts fous, 
J'ai frémi, pressenti, le bonheur de mon saoul. 
 
Je te sens aiguillée vers mon nombril unique. 
Tes sens embryonnés crient la force animale ; 
Reflètent et hurlent crûment la puissance vitale. 
 
Je veux dire, ô combien tu me pousses, 
Combien chaque virgule de toi, 
En mon for intérieur, 
Est un arrêt létal. 
 
Les flammes souples et rousses, ta chevelure opaque 
Transposent en leur palette, mes idées démoniaques. 
 
Tu adoucis mes mœurs, tu aplanis mon cœur, 
Quand rien plus que l'oubli ne déborde et ne leurre. 
 
Je suis, vivant, serein, rescapé de ton cœur, 
Pourtant, pourtant, tu émanes, étourdie, 
Un parfum qui se meurt. 
 
Je te vois, languissant, pâlissant, 
Filant la laine à ton rouet d'argile, 
Quand bien même la douceur, 
De tes seins, de ta voix se profile. 
Tu es, tout comme moi, un oiseau de bonheur, 
Un parfum, une saveur, qui sûrement se défilent.  
 
 
Je te revois, hilare, posément adossée 
à la statue de marbre, 
A l'arbre fatigué. 
Je me fonds doucement, sciemment éthéré 
Dans la fractale de l'Arbre.

© Eric Benoit