1er septembre 2021
Du calme de Lure à celui de Carmarans, il y a un pas embrouillé de violence. C'est à n'y rien comprendre, si nous n’étions l'un et l'autre les acteurs tragi-comiques de ce nouvel acte affligeant autant que pitoyable et épuisant. Épuisant pour les corps, harassant pour les esprits qui n'en peuvent plus d'en manquer (d'esprit). De brouilles en chamailleries, nous refaisons inlassablement le chemin qui nous mène droit au mur, non au pied mais dedans, à l'abattoir et à une mitraille dont les munitions se puisent à l'envie dans les réserves du passé, les blessures et les aigreurs, les mots teintés de méchanceté que l'on dégaine en prenant bien soin de toucher la cible au centre, là où les points sont maximum, là où ça fait mal. Valeureux vainqueurs d'un combat inutile. Inutile et contre nous-mêmes au final. Car tout ce que l'on attaque chez l'autre n'est-il pas justement l'image symétrique de tout ce que l'on hait ou réprouve en nous ? 
Comment peut-on voir avec une telle acuité, une telle pertinence toute chose que l'on est incapable de contrôler a minima, ne serait-ce que pour ouvrir la porte nécessaire, lâcher le lest qu'il faut, au bon moment ? 
Avec, au contraire de la peur invasive de perdre quelques chose, la certitude constructive de tout gagner. Nous préférons à chaque reprise nous comporter comme le poisson leurré à l'infini par le même artifice grossier.

© Eric Benoit