Ne me laisse pas partir.

Le grand vide qui torture mes entrailles 
Me rappelle à toi qui m'échappe. 
Je te sens si loin 
Quand je te voudrais proche. 
J'ai peur du noir sans toi, 
J'ai peur des couleurs sans toi, 
J'ai peur du soleil sans toi, 
J'ai peur des fleurs et du souffle des arbres, 
J'ai peur du beau sans toi, 
J'ai peur de la Vie et du reste sans toi. 
J'ai peur que tu n'aies rien, 
Rien pour moi de plus que pour d'autres. 
C'est alors moi qui partirai. 
 
Ne me laisse pas partir. 
 
Ce grand vide qui torture mes entrailles 
Est celui que tu laisses quand tu raccroches, 
Celui de l'impatience et de la peur, 
Des peurs de tout, des peurs de rien, 
Des peurs de tout, de tout ce qui est. 
Car tout est à toi. 
 
Ne me laisse pas partir. 
 
Je te veux dans mes bras, juste posée. 
Recevoir ta tête et rêver, 
Écouter le silence qui se fait, 
Percevoir la respiration et la chaleur de toi. 
M'endormir, 
Et ne pas me réveiller. 
 
Ne me laisse pas partir. 
 
Tes peines et les turpitudes de ta Vie, 
Je les prends, je les veux. 
Tes yeux qui coulent, même des larmes sèches, 
Je les bois, je les veux. 
La fièvre qui te fait trembler, 
Les peurs qui déforment ta vue, 
Je les prends, je les veux. 
 
Ne me laisse pas partir.

© Eric Benoit