Un homme, une femme, un sac au dos, 
Un dessin dans les yeux, 
Un destin entre eux deux. 
 
J'aime les gens qui marchent 
Sans savoir d'où ils viennent, ignorant où ils vont. 
 
Rien ne les désunit, que leur destination, 
Floue comme l'air tiède de la ville. 
Les cheveux défaits, ils avancent, 
Le regard sur le monde les devance 
Rendant la parole inutile. 
 
J'aime le vagabondage de vos âmes 
Ancrée dans nos chairs qui l'ignorent. 
 
Vous allez, rêveurs tordus de l'absolu, 
De la douleur de la fuite et du bonheur de la présence. 
Dans un éclair, vous allumez le feu et la folie des ignorances. 
Vous êtes les soldats fragiles, soumis aux poussières et au vent. 
Vous êtes le combat futile et indispensable du temps. 
Gardiens de nos vies, vous en êtes les anges, 
Vous seuls ! Derniers repères de notre faible monde ! 
 
Défiant de vos pas les voleurs immondes, 
Les usurpateurs, l'ivraie, le fumier, la fange ; 
Ternes en leurs grises vestes étincelantes, 
Tristes en leurs claires chemises éblouissantes. 
 
Vous êtes les phares de notre ère en vos poids allégés. 
Vous ne portez sur votre dos que le poids vide d'une société. 
Tous vos bagages sont dans l'air qu'avides vous respirez pour nous. 
Légers émissaires de nos rêves et de nos songes les plus fous. 
 
Ce que jamais nous ne serons, vous le jetez à notre face ; 
Un air nouveau, vivant, valeureux et vivace. 
Celui de la liberté vraie, simple et nue, sans cuirasse. 
Pour nous un court sillon, un chemin, une trace.

© Eric Benoit